Attac

Des taxes globales (ou impôts internationaux) sont nécessaires pour empêcher la concurrence fiscale qui pousse de nombreux Etats à réduire ses impôts pour attirer les investissements étrangers. En donnant toute liberté à la circulation des capitaux , la mondialisation fait peser l'essentiel de l'impôt sur les travailleurs qui eux ne peuvent pas se déplacer. Des taxes globales permettraient de réduire la pression fiscale supportée par les travailleurs et d'augmenter les impôts payés par le capital.

Les taxes globales ont aussi pour avantage de réduire un certain nombre de maux publics globaux (la pollution, les pandémies, la spéculation, l'extension des crises économiques) et de générer des revenus pour le financement des biens publics globaux (l'air pur, l'eau potable, la vaccination, la stabilité économique, etc…).

David Hillman de l'organisation War on Want, force motrice du réseau britannique pour la taxe " Tobin " (Tobin Tax Network), qui regroupe des dizaines de syndicats et d'association en Grande-Bretagne, a ensuite présenté les justifications politiques et économiques de la taxe sur les transactions de change (TTC). Après avoir rappelé qui était James Tobin, il explique que la TTC pourraient supprimer les comportements spéculatifs agressifs et financer les besoins sociaux et écologiques de la planète.

Pour se faire une idée de l'ampleur prise par le marché des changes (plus de 300 000 milliards d'euros par an) il pose ensuite la question à la salle : si l'on empilait des billets de 10 euros pour atteindre la somme de 300 000 milliards d'euros quelle hauteur atteindrait on ? L'assistance a rapidement trouvé la réponse car de nombreux posters du réseau pour la taxe Tobin décorait la salle et illustraient la réponse : l'empilement de billets irait de la terre à la lune ! Devant une telle masse d'argent comment imaginer qu'une petite taxe irait provoquer l'écroulement du marché des changes ?

Les biens publics globaux (ou biens d'intérêt général) peuvent se définir de la façon suivante : Ils doivent profiter à tous les pays, à toute la population, et répondre aux besoins de la génération présente sans nuire aux générations futures.
Les biens publics globaux ne doivent pas être définis selon les critères du marché. C'est au politique de définir ce qui relève de l'intérêt général et comment ils doivent être fournis à la population. Dans de nombreux cas, leur fourniture sera garantie par des services publics, comme les campagnes de vaccination par exemple.

 


Qu'en est-il aujourd'hui ?

Selon les travaux préparatoires à la conférence de Monterrey sur le financement du développement en 2001, les biens publics globaux comprendraient notamment :

La préservation de la paix. 1 milliard de dollars supplémentaires par an serait nécessaires.
L'éradication de la tuberculose et de la malaria, 2 milliards de dollars.
La lutte contre le VIH/SIDA, 7 à 8 milliards.
La création d'un fonds pour acheter des vaccins et financer la recherche sur les maladies tropicales, entre 1 et 6 milliards.
L'augmentation de la recherche agronomique en milieu tropical.
La réduction des gaz à effet de serre et la protection de la bio-diversité.

Si l'on fait l'hypothèse que la lutte contre l'effet de serre sera financé par les budgets nationaux des pays riches, les Nations-Unies estiment qu'il conviendrait de dépenser 20 milliards de dollars en plus par an contre 5 milliards aujourd'hui.

Si l'on ajoute les besoins financiers du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, environ 10 milliards seraient nécessaires.

Au total, les biens publics mondiaux coûteraient 30 milliards de dollars par an supplémentaires.

Le coût du financement de l'accès universels aux services sociaux de base est évalué à 80 milliards de dollars supplémentaires par an. On peut citer notamment :

7 à 8 milliards pour l'éducation primaire, soit l'équivalent de ce que les européens dépensent par an en crème glacé.
8 à 10 milliards pour les soins gynécologiques, obstétriques et le planning familial.

80 milliards de dollars, c'est moins de 10% dépenses militaires dans le monde et la moitié de la fortune des 4 personnes les plus riches de la planète. C'est aussi beaucoup moins que ce que pourraient rapporter la taxe sur les transactions de change (environ 100 milliards par an) ou la taxe sur le dioxyde de carbone (127 milliards par an).