L'éducation à la précarité

Tant que j’y suis l’éducation nationale.
Quand t’es pas titulaire et ça doit être entre 13% et 25% des gens (of je suis pas la pour être précise), et donc que t’as pas le CAPES (parce que c’est pas évident d’avoir ce machin de merde et le niveau et vachement en rapport avec ce que tu vas enseigner bien sur, connaître tout des intégrales triples et des espaces euclidiens quand tu vas enseigner comment on fait des fractions, bien sur c’est indispensable, of, ça fait une sélection comme ça, hein, 10 à 15% de sélectionnés, le reste, ils ont qu’a faire ce qu’ils veuillent, le repasser, reperdre 1 an a bosser, ou 2, ou pas, tiens, tu cherches autre chose maintenant). Donc quand t’es pas titulaire, t’es un sacré veinard, mais pour de bon, déjà, t’as le droits aux remplacements, c’est à dire, que si quelqu’un est malade 15 jours, tu y vas, joyeux, tout heureux et bien sur tu vas bosser comme un malade tes cours, pour 15 jours d’engagement bien sur c’est la moindre des choses.

Toujours du bonheur de voir comme ça comme il y a du soutien. Moi j’avais eu le droit quand même a l’autre prof de techno : écoute je vais pas te passer mes cours, hein, ca va c’est moi qui les ai fait. Merci m’aide pas surtout et puis bon c’est sur comme je sais pas du tout pour combien de temps je suis la, c’est normal je vais les pondre les cours (oui, en techno, y’a pas de bouquin, y’a un programme pour les classes « normale », mais a toi de le chercher et de te demerder.). Solidarité c’est bien répandu, il avait fait une école d’ingé avant de faire prof, peut-être des restes, va savoir.
Donc, voilà, si t’as un remplacement, c’est à durée très limité, évidemment aucune perspective d’avenir, même a 30 jours c’est trop. Donc, hein, t’espère vaguement, on sait jamais, non je vais pas espérer que l’autre crève, celui que je remplace, c’est assez malsain et puis de toutes manière, s’il crève ils mettront un titulaire a la place. Donc, your are in the belle précarité.

Si t’as mega de la chance t’as un poste pour l’année. Ca c’est du bonheur quand c’est pas un poste de merde. Mais tout de même, on te précises très bien que l’an prochain rêve pas coco, si y’a quelqu’un d’autre ce sera quelqu’un d’autre. T’as vachement envie de t’investir.

C’est vrai, tu vois que ceux qui ont eu le Capes, aussi débutants que toi, ils ont une année de formation avec 4 ou 5 heures de cours par semaine avec les élèves, ils ont un prof qui les suit tout le temps pour les aider, qui les aide à faire les cours. Et toi, on t’as parachuté comme ça a l’arrach, sans aucune précaution. C’est normal, t’es pas titulaire, t’avais qu’a. Quoi y’a super peu de place aux concours ? Quoi ils avaient qu’a prendre plus de personnes et comme ca y’aurait pas autant de non titulaires dans des conditions a la con ? A non alors, tu vas pas commencer, un non titulaire c’est bien pratique, ça coûte moins cher et quand y’en a plus besoin il dégage.

Précarité plus rentable. Sans parler que son salaire c’est pas le même. Avant qu’il prenne un échelon (un plus sur la fiche de paie) il va attendre 3 ans. Celui qui a le concours attends 3 mois et va monter a peu près 50 fois plus vite que toi. C’est pas le même prix et oui.
C’est comme ça. Système vachement juste quand même.

Alors par moment c’est sur que t’as plus très envie de jouer a leur jeux de merde. Un peu très inégal. Pour les uns la précarité pendant des années, pour les autres la place pour la vie. Et les précaires ne sont pas aidés du tout. Allez, une journée de formation a la con qui sert a rien. Voilà c’est pour toi. Maintenant tu ponds tes cours que y’a pas de programme et que tu connais meme pas le niveau des gamins sauf qu’il est mega faible et c’est pas parce que t’as pas d’expérience que ca y est. Forme toi sur le tas.
Pourquoi moi sur le tas et les autres avec un prof qui les suit, une meilleure paie, seulement quelques heures et des cours pour des années alors que moi si j’ai vachement de chance l’an prochain je ferais peut être une toute autre matière ?

A ben ça, mon coco, c’est comme ça. Ben voui ca ne t’amuse pas trop. Mais bon, on est pas la pour s’amuser. Quoi c’est du gâchis ? Ben oui c’est du gâchis, mais bon, hein.
C’est la vie ça, le gâchis pour les uns, de plus en plus nombreux, parce qu’il paraît que ces cons de français ils sont risquophobes.

Risquophobes mon cul, ils en ont ras le cul. C’est pas des conditions de travail. Je vois pas pourquoi tu t’investirais a fond pour un boulot que t’es pas sur d’avoir encore le mois prochain. Faut pas pousser non plus. S’investir ça veut dire aussi qu’il y a quelque chose derrière. Si c’est pour me retrouver dans la merde dans 2 mois, franchement, évitez de me faire la morale. Très peu pour moi.

Ca fait chier des fois. Et les cons qu’ont foutus les lois à la con qui font qu’il y a de plus en plus de précaires aussi, mais franchement. Y’en a plein qui les subissent tous les jours les conséquences. Et ils avaient pas besoin de ça. Ils auraient préféré avoir un boulot comme tout le monde, pas en cdd, intérim à la con ou rien. Qu’est ce que tu veux te bâtir un avenir comme ça ?

M’enfin bon, c’est la vie et sinon les français c’est des fainéants qui pensent qu’a glander, alors un peu d’enjeu, un peu de goût du risque, un peu d’imprévu. Putain ceux qui sortent ça comme je les vomis. Tous, tous, du plus petit au plus grand. Du con qui fait le malin au connard du MEDEF.

Alors oui c’est sur que c’est pas a se pisser de rire ça comme histoire. Mais c’est comme ça, c’est pas pissant de rire tous les jours et l’éducation nationale, la précarité, en rire, c’est pas toujours facile. On n’est pas toujours d’humeur.