Sale ville

Alala. C’est marrant la vie, y’a 2,5 ans, j’étais encore en quelque sorte, un pur produit de notre beau système, tout beau tout jeune, parfait, issue d’une belle grande nécole. La petite jeune qui plus tard sera une belle élite comme on lui a bien incrusté dans le cerveau.
C’est marrant comme le temps quand il passe, il passe. Aujourd’hui j’ai été voir si je pouvais avoir le droit au Rmi. C’est rigolo hein. Ou alors c’est pas si drôle, mais moi j’observe mon cas, des fois de loin, et ça me fais sourire. Déjà le détail, je me faisais pas d’illusion sur le rmi, mais bon comme j’ai un copain, et avoir un copain ça donne aucun droit, aucun, mais par contre ça en enlève. No rmi. C’est bien, tout ça c’est compréhensible bien sur bien sur. Les grosses merde n’ont pas de droits ils n’ont que des devoirs, le premier est de fermer sa gueule et de trouver naturel d’être pris pour une sous merde, les autres bon, sont dans le même genre, découlent du premier devoir.

Parce que c’est vrai que moi, si j’avais eu le rmi, quand même 417 euros, je veux dire, hein, je me connais fort bien, j’en aurais profiter pour pas bouffer, pas me loger pas d’électricité pendant 10 ans, comme ça avec tout l’argent que j’aurais excroqué au pays je me serais acheter une BMW. C’est con un pauvre hein :). Pas vrai. Alala. Ca fait longtemps que je la veux la BM aussi, on se dispute avec mon copain lui il veut une Porsche Boxter. Mais c’est moi qui gagnerais je suis sure. C’est plus classe. Mais, franchement manque de bol, je peux pas l’acheter encore, flûte alors. Alala, c’est ballot quand même.

Pas de bol d’avoir un copain quand même, tu me diras, j’en aurais pas hein, c’est pas avec 417 euros que j’irais très loin, c’est vrai, c’est vrai (et si le rmiste touche l’APL, c’est retiré de son rmi que du bonheur). Remarque dans l’imaginaire collectif, le rmiste est vraiment un con qui abuse. Moi je sais, j’ai fréquenté dans mon jeune temps la crème de la crème des cons bien pensants. Et moi la crème j’en ai fait partie, c’est vrai j’étais pas mal décalée, mais j’en ai fait partie. J’assume, j’étais jeune, j’étais naïve, je pensais que trouver du taf en sortant d’école d’ingé ça se faisait les doigts dans le nez (formatage), que le monde n’étais pas trop pourri (je connais mieux la question maintenant), que bien d’autres choses encore.

Il faut bien que jeunesse se passe.

Le retour, marcher dans les rues de Nice, Casino slogans, banques « nous vous voulons du bien », pharmacie : affiche de biceps et de mannequins trop belles grâce a une pilule une crème, manpower qui fait travailler 100 000 personnes en France, 50 000 jeunes de moins de 25 ans. Précarité n’est ce pas, manpower tout fier de ces chiffres, vedior bis, re banque, un clochard, re pharmacie, un autre clochard, des gens qui marchent, une peau de vieille 50aine ultra maquillée qui se balade avec un bouledogue, je suis perdue mais je ne lui demande pas mon chemin, elle a l’air trop bizarre, dépareillée complètement entre son costume et son cleps, ca va pas, ça doit pas être le sien. Un autre grand magasin, les gens a l’intérieur, les caissières, Casino c’est beau la vie, je passe devant d’autres clochards, faut vraiment que les gens soient aveugles pour pas se rendre compte de l’extrême misère que produit notre société, je marche, je suis pressée de rentrer, des pubs, des pubs, voitures, soyez gentils ramassez les crottes de chien, un beau parfum, c’est chiant une ville, c’est laid, c’est con, c’est lobotomisant. La circulation, les feux, les doubles files, les travaux sur les trottoirs, celles qui se baladent avec un voile, ceux qui sont tout proprets et qui retirent de l’argent au distributeur, des en costumes cravates, que j’aurais put être comme eux, d’autres gens encore, des boulangeries, tiens c’était pas la rue des agences immobilières, j’en ai pas croisé, puis j’arrive vers mon coin, l’arrêt de bus super bien situé juste sous la voie de chemin de fer et la voie rapide, bien au froid au bruit avec les voies et les voitures qui circulent toute la journée tout autour. Je comprends toujours quand je sors pourquoi je sors si peu. C’est pas humain une ville, c’est ignoble, ça déshumanise, a si quand même, quand je cherchais mon chemin, un plan de bus quelques mots en rigolant avec un type perdu lui aussi, mais je lui dit qu’il peut pas compter sur moi je sais pas ou je suis, il m’indique mon chemin.
De retour, encore une lettre des abrutis de l’éducation nationale, je pense qu’ils ont a cœur d’être incompétents jusqu’au bout de tout, ca en serait lourd si j’étais d’humeur, mais la je m’en fous, je monte, je rentre a l’appart, j’ai envie de me reposer, un petit coté blasée j’ai la tout de suite, je suis passée devant les clochards, 6 ou 7 au moins en 3 kilometres, je pensais en passant devant, c’est con la vie, et dire que je suis quand même plus proche de cette condition que de la condition de cadre, même si j’en suis loin. Je comprends mieux maintenant la misère humaine, je peux plus passer devant un casino sans faire de rapprochements, les banques j’en parle pas.

Et la j’ai par la fenêtre, les branches tristes des platanes et le ciel bleu, je préfère mes branches, je vois pas les immeubles parce que y’a des petits bouts de nappes sur le bas des fenêtres, sinon on peut pas se balader tout nu faut toujours faire gaffe.

Rien a faire je préfère la campagne, le vert, le calme c’est plus mon truc, la tu veux te poser dehors rien de bien bon va survenir, à quoi tu veux penser de bon quand tu vois des immeubles et un gros garage gris de ton balcon. Pas grand chose, a part que les garages et les camions, franchement, j’aime pas ca, et que ces immeubles franchement, ils auraient pu s’appliquer un peu ceux qui les ont construits. C’est pourri une ville quand on est pas dans le bon quartier. Tu penses que les cartes postales et les touristes c’est vraiment n’importe quoi, ça va aller quand dans le centre ville et ça va croire que les villes c’est beau, alors que tout est pour le centre et que les autres quartiers, oula la, c’est franchement dans un sale état, y’a des immeubles super classe a 300 mètres, tout frais tout neufs, des trucs de bureaux, contraste.
Contraste.
C’est pourri une ville, j’aime pas.