Code international de conduite sur les transferts d’armement

 

http://www.fraternet.com/magazine/etr1210.htm
Oscar Arias Sanchez (Costa Rica) Prix Nobel de la paix en 1987
Discours prononcé lors d’une conférence des lauréats du prix Nobel de la paix à Charlotteville (USA) en 1998

J’ai été invité à parler de l’idée d’un code international de conduite sur les transferts d’armements. D’abord je dois replacer cette idée dans le contexte de la lutte pour la sécurité à laquelle nous sommes confrontés en ce moment. Je suis sur que vous avez vu et revu les images de la chute du mur de Berlin, entendu des journalistes évoquer la fin de la guerre froide et évoquer le début d’une ère nouvelle.
Peu de terme sont aussi important aujourd’hui que celui de « mondialisation ».
Mais si beaucoup de gens emploi ce mot, rares sont ceux qui prennent le temps d’analyser ce concept. La mondialisation tend à caractériser notre époque, mais elle semble aussi avoir quelque chose de fatal. Les progrès technologiques et l’apparition de marchés complexes ont sans conteste développé les affinités entre différentes sociétés, en permettant la circulation rapide des personnes et des informations.

Mais le mot « mondialisation » recouvre plusieurs phénomènes différents. Les conceptions traditionnelles des économies et de l ‘économie sont en train de changer. Pour certains, le nouveau système économique signifie la possibilité d’investir a l’échelle de la plante, en minimisant les coûts de main d’œuvre et en maximisant les profits. Pour d’autres, plus nombreux, la nouvelle économie signifie la fin de la sécurité de l’emploi et la réapparition des ateliers ou travaille ne main d’œuvre exploitée. Les structures gouvernementales doivent elles aussi s’adapter au nouvel ordre mondial. Les états se retrouvent affaiblis face à des accords qui ignorent les frontières nationales et face à la circulation des capitaux.
Les 1500 milliards de dollars qui circulent chaque jour autour de la planète échappent largement à toute forme de contrôle officiel.

La mondialisation, comme Janus à donc 2 visages : elle assure une prospérité inimaginable à ceux qui détiennent les connaissances et qui ont été favorisés par la naissances, tout en condamnant à la misère les plus démunis ? Le système encourage la consommation frénétique de quelque uns, mais refuse la satisfaction des besoins élémentaires du plus grand nombre.
Qui peut accepter les priorités d’un système dans lequel les américains dépensent 8 milliards de dollars par an en produit de beauté, alors que 6 milliards de dollars suffiraient à faire bénéficier toute la population mondiale d’un enseignement élémentaire ?
Les européens dépensent 11 milliards de dollars chaque année pour manger des glaces, alors que nous savons que 9 milliards de dollars permettraient de faire vivre dans des conditions d’hygiène satisfaisantes et d’approvisionner en eau tous les habitants de la planète.

Les divergences sur la mondialisation sont longtemps restées au second plan, mais aujourd’hui les choses ont changé. Vous savez tous que nous traversons une crise financière. Même les grands prêtres de la dérégulation des marchés, incapables d’enrayer la panique, sont descendus de leur Olympe. Au lieu de célébrer la bienveillance capricieuse de la main invisible, beaucoup se contentent de prier pour que l’effondrement total n’ait pas lieu. Jeffrey Sachs, l’économiste de Havard qui a supervisé la « Thérapie de choc » appliquée en Russie et dans une grande partie de l’Europe de l’est, dit aujourd’hui que le rêve d’une libéralisation économique rapide s’est effondré .

Mais les analystes de Wall Street, surtout préoccupés des performances de leurs fonds d’investissement, ne parle pas de la dimension humaine de cette crise. Imaginez que la moitié des personnes que vous connaissez, -qui disposent de revenus modestes mais convenables- se retrouvent soudain plongés dans une effroyable pauvreté. C’est ce qui et arrivé à nos frères et nos sœur d’Indonésie, ou 100 millions de personnes subissent les effets terribles de la panique financière. Les économies de la Thailande et de la Corée du Sud ont subi un recul de 45% au cours des 2 dernières années ; la devise de la Corée du Sud a perdu 50% de sa valeur au cours de l’année dernière, subissant une chute spectaculaire en quelques jours. Lorsque les ondes de choc de cette dévaluation se propagent dans la société, se sont les populations les plus vulnérables sur le plan économiques qui sont le plus durement touchées.
Ces personnes n’ont pas besoin qu’un analyste des marchés leur expose les faiblesses d’un système économique fondé sur la cupidité et la spéculation plutôt que sur les besoins des hommes.

De plus les gens ayant un minimum de générosité ne peuvent que trembler lorsqu’ils considèrent la situation actuelle en Russie, cocktail à base d’insécurité militaire et de désespoir. Chaque jour nous apprenons que les 22000 armes nucléaires stockées en Russie sont de moins en moins bien protégées. L’espérance de vie des hommes est passée de 56.6 ans avant les réformes économiques à 57 ans aujourd’hui, un recul inédit en temps de paix, en l’absence de catastrophe majeure. Alors que l’hiver s ‘annonce, des millions de personnes risquent de mourir de faim et de froid, a moins que la communauté internationale ne décide une intervention humanitaire massive, et pas seulement une mise en liberté sous caution pour les riches investisseurs.

Donc, si la guerre froide a bien pris fin, elle n’a pas été suivie de l’ere de prospérité annoncée. Comment parler de paix quand des milliers de personnes travaillent dans des conditions inhumaines ?
Comment parler de paix quand les 2tats unis construisent de + en + de prison et de – en – d’écoles ?
Comment parler de paix quand tant d’êtres humains souffrent de la faim ?

Le moment présent exige que nous pensions la paix autrement. Traditionnellement, la paix est pour nous une question de sécurité nationale. Le programme de développement des nations unies, cependant, souligne qu’il est nécessaire de poser le problème de la paix en termes de sécurité humaine. Cette différence mérite d’être soulignée. La sécurité humaine dépasse les questions d’armements – c’est le souci de la vie et de la dignité humaines. La paix réside dans le silence des bombes et des armes à feux. Mais elle doit aussi intégrer le souci du bien être et de la santé de tous, car tant que la pauvreté et l’inégalité demeureront, les conflits armés seront inévitables.

En pleine crise économique dans les années 30, Franklin d Roosevelt découvrit 40 millions de personnes « mal logées, mal vêtues, mal nourries ». Aujourd’hui avec notre vision à l’échelle mondiale, nous avons sous les yeux un nombre 30 fois supérieur de citoyens vivant dans des conditions effrayantes. Près des 3/5 des 4.44 milliards de personnes vivant dans le monde en développement n’ont pas accès à des canalisations en bon état : 1/3 n’ont pas accès à une eau de qualité acceptable et 1/5 n’ont pas accès aux soins qu’offre la médecine moderne. En conséquence 40000 enfants meurent chaque jour de de malnutrition et de maladie, et près du tiers des habitants des pays les moins développées ne dépasseront pas l’age de 40 ans. Alors que le monde globalement consomme 34000 milliards de dollars de biens et de services chaque année, la planète compte 1, 3 milliards de personnes qui ont des revenus inférieurs à 1 dollar par jour.

Nos société ont toujours connu la pauvreté et la souffrance, mais ce qui rend la pauvreté intolérable aujourd’hui c’est qu’elle côtoie une opulence inimaginable. Aujourd’hui les 3 individus les plus riches de la planète ont des fortunes supérieures au PNB des 48 pays les plus pauvres.
Aux états unis, les 20% les plus riches de la population gagnent 9 fois plus que les 20% les plus pauvres ; ce pays est un de ceux ou la richesse est le plus mal distribuée. En réalité, notre société globale ne peut se permettre ces inégalités. Les gens épris de paix et de justice ne peuvent laisser se perpétuer de telles inégalités.

Malheureusement, très peu de dirigeants politiques sont disposés à se dresser contre la pauvreté et l’inégalité. Malgré les immenses possibilités de progrès moral à l’heure actuelle, l’âpreté du gain et le militarisme subsistent.

Il y a un scandale plus profond et plus choquant que tous ceux auquel peuvent être confrontés les responsables politiques, un scandale auquel peu de dirigeants ont le courage de faire face.
Le vrai scandale, c’est que plutôt que de décréter la fin de la pauvreté dans le monde, tant de responsables politiques et d’hommes d’affaires entretiennent un désordre économique mondial fondé sur le cynisme et la propriété individuelle.
Le vrai scandale est que, plutôt que de promouvoir des valeurs de générosité et de solidarité, les dirigeants laissent tranquillement les + riches s’enrichir aux dépens des pauvres et des travailleurs. Le vrai scandale, c’est que les responsables disent aux gens ce que ceux-ci souhaitent entendre plutôt que ce qu’ils ont besoin d’entendre.

Ces mêmes hommes politiques sous estiment les conséquences de la misère dans les billes et de la pauvreté en général, qui découragent tous ceux qui rêvent d’une société plus juste, plus humaine.
Vous n’aurez aucun mal a comprendre les paroles de J.F.Kennedy, qui a fait ses études dans cette université : « si la pauvreté n’es pas notre lot à tous, la pauvreté nous concerne tous.. La réalité de la pauvreté et de l’injustice pénètre le moindre région, la moindre banlieue et la moindre ferme de ce pays.. Notre Amérique idéale est une nation dans laquelle règne la justice. Par conséquent, l’existence continue de l’injustice – d’une pauvreté inutile et inexcusable dans ce pays favorisé entre tous-, la connaissance de cette réalité dégrade notre idéal de l’Amérique, le sentiment fondamental de notre identité. C’est au sens le plus profond du terme, démoralisant pour nous tous. »

Ce désarroi moral ne prendra fin que si les citoyens du monde exigent une nouvelle éthique pour le nouveau millénaire. Quand Voltaire a écrit Candide, il y a + de 200 ans, il était parfaitement conscient des problèmes moraux que posait l’unification de la planète. Dans ce conte de Voltaire, Candide rencontre au Surinam un esclave noir qui a perdu la jambe gauche et la main droite. Cet esclave a eu la main tranchée parce qu’il s’était pris les doigts dans la meule d’une sucrerie ; on lui a coupé la jambe parce qu’il avait voulu s’enfuir. « C’est à ce prix la que vous mangez du sucre en Europe » lui fait dire Voltaire.

Si une réflexion morale à l’échelle de la planète était nécessaire au temps de voltaire, cet épisode prends tout son sens à l’ère de la mondialisation. En tant qu’américains, aujourd’hui, vous n’avez qu’a regarder les étiquettes des vêtements que vous portez et vous interroger sur le salaire de ceux qui les ont fabriqués pour comprendre que vous participez déjà à un système global qui procure une grande richesse a quelque uns en condamnant les autres à la misère. La question n’est pas de savoir si vous étés concernés par le défi moral de la mondialisation, mais de savoir ce que vous ferez.
Serez vous, par votre apathie, complices des injustices que j’ai mentionnés ? Ou bien, par votre action rejoindrez vous ceux qui combattent pour la sécurité humaine ?

Le nationalisme étroit appartient au passé. Aujourd’hui, nous sommes obligés de reconnaître que la destruction de l’environnement, la consommation ostentatoire et l’accumulation des armements sont des problèmes globaux, qui nous concerne tous.

Chacun de vous doit s’interroger sur le privilège dont il jouit en tant que citoyen d’un pays riche et assumer la responsabilité qui va avec ce privilège.
Vous n’avez pas a vous sentir coupables des dons que vous avez reçus, mais a vous engager dans un combat pour que tout le monde puisse mener une vie respectable.
Ne vous laissez pas écrasé par l’ampleur des problèmes, au contraire, soyez déterminés à vaincre la pauvreté et l’inégalité, car cette détermination est synonyme d’espoir, et c’est l’espoir qui permet aux gens de s’unir pour changer le monde.

Beaucoup de progrès ont été accomplis. Le programme de développement des nations Unis précise qu’au cours des 50 dernières années la pauvreté a diminuée plus qu’au cours des 500 dernières années. La mortalité infantile dans le monde en développement a diminué de 2/3 par rapport a ce qu’elle était en 1960. Au cours de la même période ; l’espérance de vie dans les pays les + pauvres s’est allongée de + de 15 ans, essentiellement grâce à une véritable révolution dans l’accès des femmes à la médecine moderne.

Je ne dis pas cela pour que vous relâchiez vos efforts mais pour vous donner une idée de l’immensité des progrès qui peuvent être accomplis. Il a fallut toute l’obstination des abolitionnistes pour mettre fin au fléau de la l’esclavage. De la même façon, unissons nous pour mettre fin au fléau de la pauvreté. Les adversaires implacables du colonialisme ont fini par supprimer les colonies. Unissons nous maintenant aux peuples opprimés pour que tous puissent connaître la liberté.

Les Etas unis ont tendance a dresser un tableau enjolivé de la prospérité générale et ont souvent du mal à reconnaître le soutien qu’ils accordent a l’injustice. Dans un discours récent à destination du peuple russe, le président Clinton à défendu l’idée que les pays du monde devaient, je cite, « exploiter le génie de nos citoyens non pour fabriquer des armes mais pour améliorer la communication, vaincre les maladies, combattre la faim, et explorer l’espace ».

Malheureusement on peut s’interroger sur la part de cynisme contenue dans ces paroles optimistes. Le président Clinton parle des bienfaits du désarmement alors que les missiles américains sont utilisés au Soudan et que les crédits accordés aux militaires sont supérieurs aux demandes du Pentagone. Les responsables politiques américains, et même les membres de l’administration Clinton, parlent en théorie des avantages de la démilitarisation, mais, en pratique, ils vendent des armes destructrices.

Depuis la fin de la guerre froide, de nombreux pays industrialisé ont diminué leur dépense militaire. En conséquence, les marchands d’armes de ces pays ont cherché de nouveaux clients dans le monde en développement, ou se déroulent la majorité des conflits actuels. Les états unis sont un cas extrême. A l’heure actuelle, cette nation est impliquée dans 44% des ventes d’armes dans le monde. Entre 1993 et 1996, 85% des armes américaines vendues a des pays en développement ont été acheté par des gouvernements non démocratiques. A la fin de l’année 1997, des armes fabriqués aux états unis étaient utilisées dans 39 des 42 conflits ethniques et territoriaux en cours dans le monde.
Il est inacceptable qu’un pays croyant en la justice et la démocratie continue à laisser les marchands d’armes accumuler des profits tachés du sang des victimes. Des sommes énormes versées par les contribuables sont consacrées à soutenir ce commerce immoral. En 1995, l’industrie d’armement américaine a bénéficié de 7.6 millions de dollars de subventions fédérales, ce qui revient a accorder une rente énorme à des profiteurs milliardaires.

Pour comprendre le véritable coût humain du militarisme et le véritable effet des vents d’armes incontrôlées, il faut savoir que la guerre n’es pas seulement un acte de destruction : c’est aussi une occasion ratée d’investir dans l’être humain.
C’est un crime contre les enfants qui ont besoin de nourriture plutôt que de fusils, contre les mères qui ont besoins de vaccins et non d’avions de combat coûtant plusieurs millions de dollars. Les dépensent militaires représentent 780 milliards de dollars en 1997 : elles sont la négation la plus grave des priorités véritables à l’échelle mondiale. Si nous consacrions seulement 5% de cette somme dans les 10 prochaines années à lutter contre la pauvreté, la population mondiale jouirait d’une protection sociale minimale. 5% supplémentaire, soit 40 milliards de dollars, permettraient en 10 ans d’assurer à tous les habitants de la planète un revenu supérieur au seuil de pauvreté.

Malheureusement, la moitié des gouvernants dans le monde dépensent plus pour la dépense que pour leurs programmes de santé (c’est le cas en France aussi). De telles aberrations dans les budgets publics entretiennent la pauvreté et retardent le développement humain.
La guerre et les préparatifs a la guerre sont un des grands obstacles au progrès humain, entretenant un cercle vicieux : accumulation des armements, violence, pauvreté.

On dispose d’innombrables exemples de cas ou les dépenses d’armement ont engendré les souffrances et l’injustice. Un des meilleurs exemples est peut être celui de la course aux armements que se livrent l’inde et le Pakistan, une course entretenue par leur rivalité concernant le Cachemire. L’inde à consacré + de 12 milliards de dollars à ses dépenses d’armements de 1988 et 1992, + que l’Arabie Saoudite ou l’Irak au cours de la même période. De 1978 à 1991, les dépenses du Pakistan ont été multipliées par 7, si bien que la défense représente maintenant près de 40 % de toutes les dépenses publiques du Pakistan. Plus récemment, ces pays ont réveillé le spectre de la guerre nucléaire en procédant à des essais atomiques auxquels ont été accordée une grande publicité. Il faut espérer que des voix courageuses s’élèveront dans ces pays pour pousser leurs dirigeants à respecter le Traité Général d’interdiction des essais nucléaires, un accord que n’a pas encore ratifié le congrès américain.

Les conflits régionaux et les attentats terroristes nous ont appris que les ventes d’armes ne nuisent pas seulement aux populations des pays pauvres mais se retournent contre les citoyens des pays développés. Quand les législateurs comprendront-t-ils que personne ne sera en sécurité tant que les marchands d’armes tireront profit de la mort ? Depuis plus d‘un an maintenant, je défends le principe d’u code international de sur les transferts d’armements, un vaste projet international visant à codifier et contrôler les ventes d’armes. Ce code stipule que toute décision d’exporter des armes doit tenir compte de plusieurs caractéristiques des pays acheteurs. Ceux ci doivent respecter la démocratie, donc organiser des élections libres et honnêtes, respecter l’état de droit et accepter le principe d’un contrôle civil sur l’armée et les forces de sécurité. Leurs gouvernements ne doivent pas commettre de grossières violations de droits de l’homme. Le code international de conduite interdirait de vendre des armes a u pays participant à une agression armée en violation du droit international.

Beaucoup de gens pensent q’un tel code n’est pas réaliste, parce qu’il fait passer le souci de la vie humaine avant la recherche du profit ; pas réaliste parce qu’il fait passer les pauvres qui réclament des écoles et des médecins avant les dictateurs qui exigent des fusils et des avions de combat. A une époque caractérisée par le cynisme et la cupidité, toutes les idées justes sont considérées comme irréalistes. On vous décourage quand vous dites que nous pouvons vivre en paix. On se moque de vous quand vous dites que nous pouvons être plus humains.

Je suis fier de souligner que je ne suis pas le seul à dénoncer ce Statu Quo et soutenir l’idée d’un Code International de Conduite sur les transferts d’armements. Aujourd’hui je me retrouve en bonne compagnie pour défendre le principe de ce code ambitieux. Les prix Nobel de la paix Elie Wiesel, Betty Williams et le Dalai Lama étaient a mes côtes pour présenter ce code l’année dernière. Mais aussi José Ramos-Horta, Amnesty international, l’Américan Friends Service Committee et l’organisation internationale des physiciens pour la prévention de la guerre nucléaire. Depuis monseigneur Desmond Tutu et Rigoberta Menchu ont rejoint ce groupe d’irréalistes, ainsi que Lech Walesa, Adolfo Perz Esquivel, Mairead Maguire, Norman Borlaug, Joseph Rotblat et Jody Williams. 17 lauréats du prix Nobel de la paix, plus l’ancien président Jimmy Carter, ont pris la défense de ce code. Mais il y a plus important, des milliers d’individus, de groupes et de responsables de communautés ont affirmé qu’un code de conduite est une idée sérieuse sur le plan moral , mais aussi un projet politiquement nécessaire. Ce sont ces personnes, avec leurs convictions, qui permettent de transformer les choses et de réaliser des progrès.

Même s’il reste beaucoup de travail, ce projet a déjà avancé. Le 25 mai de cette année, les ministres des affaires étrangères de l’union européenne se sont mis d’accord sur les termes du premier Code de conduite sur les exportations d’armements d’Europe, qu’il reste maintenant à appliquer dans différentes zones clés. De l’autre coté de l’atlantique, ici, aux états Unis, en raison de diverses manœuvres, un Code de conduite américain sur les transfert d’armements n’a pas pu être adopté par un comité de la chambre et du sénat ?Néanmoins, des défenseurs de ce projet continuent de se battre pour une législation américaine restreignant de façon générale le commerce des armes, même s’ils ont contraint l’industrie d’armement à proposer une version trompeuse et irresponsable de ce code.

Le président Clinton a récemment annoncé que le combat contre le terrorisme sera une priorité de la politique étrangère américaine. Si le président et tous les responsables politiques du pays veulent sérieusement juguler le terrorisme international, ils doivent commencer par s’interroger sur leur politique de ventes d’armes a des gouvernements anti démocratiques. De plus, ils doivent soutenir activement le Code de Conduite international en tant que moyen de réduire les stocks d’armes dans le monde. Certains représentant courageux se sont levés pour défendre l’idée de ce code. Hélas, il ne faut pas s’attendre à ce que tous les représentants, dont beaucoup bénéficient de la générosité des marchands d’armes, prennent position contre l’industrie d’armement. Le congrès dans son ensemble ne répondra aux exigences morales du Code que si vous tous, présents ici aujourd’hui, exercent une pression populaire entraînant l’adoption de mesures immédiates.

Mes amis, vous vous souvenez qu’au début de mon intervention j’ai évoqué le défi sans équivalent pour la sécurité humaine que représente notre monde complexe et en changement constant. personne ne peut nier que nous sommes entrés dans l’ère de la mondialisation. Mais cette nouvelle ère n’es pas terminée- son importance reste à déterminer. La mondialisation, si elle est bien menée, peut en effet constituer une grande occasion de progrès dans le monde en développement. Nous devons nous souvenir que les marchés ne sont pas des divinités incontrôlables mais des créations humaines, soumises à notre surveillance et à nos intervention ? Ce sont ceux qui agissent aujourd’hui qui feront que l’ère de la mondialisation entrera dans l’histoire comme une époque d’accumulation de profits et de pillage ou comme une époque de lumière et de mise en valeur de la diversité. Vous tous qui étés ici, c’est votre action ou votre passivité qui fera du nouvel ordre mondial un ordre régi par des principes égoïstes ou au contraire par le souci de l’égalité et des droits de l’homme.

En conclusion, je tiens a souligner une chose : bien que le Code International sur le transfert d’armement constitue une étape importante dans la lutte pour la sécurité et le respect des droits de l’homme, il n’es pas une fin en soi. La lutte pour la sécurité humaine ne prendra fin qu’avec la démilitarisation générale et humanitaire. Elle ne prendra fin que lorsque tout le monde jouira des libertés fondamentales. Elle ne prendra fin que lorsque toutes les mesures politiques seront une affirmation décidée de la dignité humaine.

Je ne suis qu’un individu participant à un large mouvement qui regroupe des individus appartenant à toutes sortes de milieux, qui essaient de faire triompher des principes de justices. Unissons nos efforts ; lorsque ceux ci seront suffisants, nous nous embarquerons pour un grand voyage. Notre chemin sera périlleux, mais notre destination sera une nouvelle planète Terre, plus humaine. Beaucoup de mes compagnons lauréats, beaucoup de chercheurs et de militants ici présents ont déjà contribué à nous conduire dans cette aventure. A tous les autres, je dis que ce voyage vers un monde meilleur est un voyage qui vaut la peine, et je vous invite à nous rejoindre.
Merci de votre attention.